lundi 11 janvier 2016

Coureur de l'extrême, Vincent Hulin, Editions de l'Onde

Il ne me reste que quelques kilomètres de descente un peu technique, pour achever ce redouté Tor des Géants – 330 kilomètres en montagne, 24 000 mètres de dénivelé – considéré comme le « must » des trails extrêmes. Les courses de ces deux dernières années défilent dans ma tête. La Diagonale des Fous à la Réunion avec l’ascension du Maïdo, cette panne physique subite, et puis la fin de la course vécue comme un calvaire. L’osmose dans le silence au côté de l’ami Gilles, dans l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. La splendeur des paysages de dunes et cette chaleur étouffante de plus de 40 oC sur le Marathon des Sables. Quatre courses d’exception, quatre courses de l’extrême, pour moi qui n’étais qu’un simple coureur du dimanche, devenu marathonien puis trailer. Les lacets de la descente vers Courmayeur filent devant moi, une énergie insoupçonnée me ranime, ma foulée s’allonge, je prends de plus en plus de vitesse, je continue à doubler des concurrents. Je suis euphorique, mes hallucinations m’ont enfin lâché ; après l’enfer, je tutoie le paradis. »
Journaliste sportif de formation, Vincent Hulin a couvert pour Radio France depuis 1998 différents événements sportifs, notamment pour France Bleu, France Info et France Inter : les Jeux olympiques de Pékin, le Tour de France, les championnats du monde de judo, de volley-ball… et les plus grands ultra-trails. Ancien judoka de haut niveau, il se met à la course à pied pour ses 30 ans avec le Marathon de Paris. Depuis, il a enchaîné une quinzaine de marathons internationaux : Londres, Boston, Chicago, Berlin, Amsterdam, Copenhague, avant de se lancer dans le trail et l’ultra-trail.



Cadeau reçu à Noël, je ne pouvais qu'être content à la lecture de ce livre. Les quatre courses présentées ici sont toutes des incontournables dans le monde de l'ultra-trail : la diagonale des fous, l'UTMB, le marathon des sables et le Tor des Géants. Même si je sais pertinemment que je ne ferai peut-être jamais l'une d'entre elles, il m'est permis de rêver. 
Le livre commence donc par un court chapitre présentant rapidement l'auteur et ses débuts en trail. Tout d'abord des courses courtes qu'il allongera rapidement. Ensuite viennent les paragraphes distincts à chaque course. Les récits sont plutôt de bonne facture même si certaines expressions utilisées sont maladroites ou trop familières à mon goût (par exemple l'auteur utilise trop souvent le terme de "bâcher" ou bien des expressions comme "on y va Guingamp !). 
Vincent Hulin sait être assez précis dans ses descriptions de parcours et dans ses émotions. Cela donne même des frissons et des envies d'y être. En revanche, j'aurais aimé que ce livre soit plus développé, plus touffu. Par exemple, qu'il nous détaille la façon dont laquelle il s'est qualifié pour l'UTMB, par exemple. Quelles courses lui ont permis de postuler ? Comment s'est-il entraîné ? 
De même, le côté matériel est juste effleurer et j'aurais aimé plus de conseils, de détails et de précisions sur l'équipement qu'il utilise lors de ses courses. Les coureurs que nous sommes nous cherchons toujours ce qu'il faut porter pour telle ou telle course et on aime bien savoir ce que portent les autres. Toujours très utile d'avoir des témoignages de ceux qui ont vécu les courses avant nous. 
Petite déception aussi quand aux côté financier résumé à une seule phrase. Pourtant, il ne faut pas le négliger car les prix des inscriptions ne cessent d'augmenter en même temps que la liste du matériel obligatoire. Après, il faut ajouter les frais de déplacement, d'hébergement... Un budget donc  conséquent. 
Enfin, un encart avec photos aurait été appréciable. 
Mention spéciale au chapitre sur les hallucinations dont peuvent souffrir les coureurs d'ultra. J'en avais déjà entendu parler, des pros y avaient aussi fait référence. Ces quelques lignes font froid dans le dos et j'ai beaucoup aimé que Vincent Hulin en parle. 
Coureur de l'extrême n'est pas un livre prétendant au prix Goncourt cependant il se lit très bien. L'écriture de l'auteur est fluide et mis à part les petites réserves que j'ai évoqué, elle est plutôt agréable. Je salue aussi l'exploit de l'auteur qui a enchaîné ses quatre courses en très peu de temps sans jamais abandonner. Chapeau. 
Un livre à découvrir si on veut s'aligner sur l'une des ces courses. 

dimanche 10 janvier 2016

Born to Run, Christopher McDougall, Editions Guérin

Born to run, le best-seller américain, enfin traduit en français !
«Pourquoi ai-je toujours mal aux pieds ?»
Comme la majorité des coureurs, Chris McDougall est hanté par cette question. Et quand ce ne sont pas les pieds ce sont les genoux, les hanches, les chevilles...
La quête de la réponse va entraîner le narrateur dans les aventures les plus folles, au coeur du Mexique, à la recherche de l'homme qui courait comme les chevaux, surnommé Le Caballo blanco ; à la rencontre des Tarahumaras, une tribu de super-athlètes qui ont fait de la course à pied leur mode de vie et une source de joie permanente. Ils volent à petites foulées sur des terrains suicidaires. Personne ne peut les battre sur de très grandes distances. Les bobos, les maux de toutes sortes ? Disparus.
Leur secret ? Ce récit passionnant le dévoile dans un texte qui tient à la fois d'Indiana Jones, de Tintin chez les coureurs de fond et d'une démonstration époustouflante sur de nouvelles techniques de course à pied.
Un formidable récit d'aventure, où tout est vrai.
Le lecteur est embarqué au coeur d'une grande course dans les Copper Canyons, et dans un plaidoyer scientifique et convaincant sur une philosophie qui fait de plus en plus d'adeptes dans le monde : la course minimaliste.





Livre évènement, Best seller, phénoménal... voici quelques qualificatifs attribués à ce livre de Christopher Mc Dougall. 
Pour ma part, j'ai été un peu déçu et je vais expliquer pourquoi. L'idée de départ est très bonne. Aller à la rencontre de la tribu des Tarahumaras, réputés comme étant de grands coureurs était plutôt une idée alléchante. D'ailleurs une bonne partie du livre se passe en leur compagnie. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cette tribu et j'ai beaucoup aimé ces passages à la limite de l'étude ethnologique. 
Tous les personnages qui nous sont présentés sont intéressants. A commencer par le mystérieux El Caballo Blanco qui a décidé de vivre retiré de tous, proche des Tarahumaras et ultra bon coureur. On y trouve aussi Scott Jurek ultra-runner bien connu qui livre ses conseils. 
Alors pourquoi je n'ai pas aimé ? Fatigué d'être blessé et se basant sur les travaux du professeur Lierberman ainsi que sur l'expérience de cette tribu mexicaine qui court en sandales pendant des heures et des heures, l'auteur a voulu appréhender de plus près cette réalité. Et c'est là que j'ai commencé à décrocher car je ne suis pas du tout un adepte du minimalisme. 

Certes, grâce à ce livre qui a longtemps été en tête des ventes aux Etats-Unis (incroyable pour un livre sur la course à pied !), le minimalisme a pris de l'ampleur en France mais je n'y adhère pas du tout. Donc, j'ai ressenti à cette lecture comme un léger agacement. C'est dommage car il est rempli de bons conseils, d'expérience de professionnels, de culture ethnologique et de beaux paysages. 
Pour conclure, je dirais que Born to Run est indispensable à lire mais avec le recul nécessaire bien que je jalouse un peu les dispositions physiques des Tarahumaras.
Disponible aux éditions Guérin.